Le dimanche 27 Mai, jour de la fête des mamans.. Je me retrouve dans le service des grossesses à hauts risques. Après une nuit blanche, je ne pense qu’à me reposer. Mais non, non, non…
Au lieu de ça, je vois défiler un nombre incalculable de médecins : des gynécologues/obstétriciens. des psychologue, des sages femmes, des auxiliaires, des pédiatres, anesthésistes etc etc ..
Le bilan, une de mes poches est bien fissurée, mais le bébé (donc Charlize) a encore suffisamment de liquide. Pas d’infections à signaler, les monitos sont bons, elles petent la forme même. Cet « incident » n’a donc aucune répercussion sur elles pour le moment.
L’objectif : garder les filles bien au chaud le plus longtemps possible. Encore 4 semaines se serait top! (Au fond de moi… je savais que ça n’arriverait pas..) (d’ailleurs, une de mes cousine, m’a rappeler que je lui avais dis la semaine qui a précédé la naissance des filles, qu’elles naîtraient « mercredi prochain »… allez comprendre pourquoi j’ai dis ça…) Ce jour là, on a décidé de faire venir Nora, j’avais le cœur tellement lourd.. tiraillée entre le besoin, l’envie de la voir et la crainte de lui faire peur, qu’elle angoisse. Le résultat fut mitigé, elle a été très heureuse de m’amener mes cadeaux pour la fête des mamans, elle était à l’aise avec moi et dans ma chambre, même si les débuts étaient timides. Mais alors par contre……. dire au revoir.. un déchirement. Déjà elle pleurait d’une façon que je n’avais jamais vu, et puis je l’entendais dans le couloir crier « maman ».. c’était horrible. Je ne pleure pas facilement, mais là pour le coup, j’ai pleuré à torrent. J’étais inconsolable! (Il faut savoir que Nora et moi, nous ne nous étions jamais séparées. Pas plus de 48h et cela seulement 2 fois en 2 ans 1/2… donc oui, très dure épreuve pour chacune d’entre nous). Je snifais son haut de pyjama, qui est devenu mon doudou durant tout mon séjour à l’hôpital.
Lundi et mardi sont passé sans grandes évolutions. Les copines, la famille sont venus me rendre visite à plusieurs reprises. Je m’installais pour un moment.. j’avais donc décidé d’être à l’aise dans cette chambre, qui était plutôt pas trop mal pour une chambre d’hôpital. Mais je trouvais le temps long. Il arrêtait pas de pleuvoir en plus.. et j’étais clouée au lit! Les jumelles étaient toujours en forme, de bons monitoring, bonnes Échographies.
Le mardi, j’ai demandé à ce que mon mari et moi visitions les services de réanimation et de Neonat. Personnellement, J’avais besoin de voir.. de connaître surtout. De me projeter au cas où… Je suis comme ça moi, je n’aime pas l’inconnu, j’aime prévoir et tout savoir. Ça me rassure! Je me revois dire au personnel de surtout ne rien me cacher, de ne pas me prendre pour quelqu’un qui comprend rien..
Mercredi 30 Mai. 28SA+5 jours.
La journée commençait bien, enfin normalement quoi. Sauf vers midi, le monito était un peu moins bien, et je sais pas, je sentais Charlize moins active que d’ordinaire. J’avais Une échographie de planifiée à 14:15. Mon mari était donc en chemin avec Nora que je n’avais pas revue depuis le dimanche, ils prenaient la route pour l’hôpital. Je suis donc allée à mon rdv, je ressentais déjà quelque chose de bizarre. J’ai pas trop de mots pour expliquer ça, l’instinct maternel peut être?
Pendant l’écho, les mesures des filles sont bonnes, elles sont actives.. tout à l’air bien. Sauf que moi, je ressens à nouveau cette douleur de règle mais cette fois dans le bas ventre. Ça tiraille un peu. Je me dis que ça doit être un ligament.. On me remonte dans ma chambre. Il est 15:15, Je m’installe dans mon lit.. mais je sent que ça va pas l’faire!
J’appelle la sage femme. J’explique mes douleurs, elle me repose un monito pour contrôler les battements des petits cœurs des jumelles qui sont plutôt corrects. MAIS on observe des contractions régulières et rapprochées… toutes les 3 minutes !!!!!
Et très vite, une douleur atroce, qui me déchire la vessie et les reins me rendent folle hystérique!!! La sage femme se décide enfin à contrôler mon col, qui est dilaté à 3cm.
Là, c’est bon.. pas besoin de dessin..
« Madame, vous avez compris ce qui se passe? » euh oui oui.. je vais accouché!
C’est bien ça!
J’envoie un message à mon mari en catastrophe pour lui dire de ne pas venir avec Nora parce que je suis en travail et qu’elle ne doit pas me voir comme ça.
Il était à mi chemin.. donc demi tour et puis il reviendrait pour moi. En sachant qu’il faut 40 minutes pour faire un aller maison/hôpital.
On me transfère dans une salle de naissance. La numéro 3! On me prépare à accoucher par voie basse parce que pour l’instant les filles sont stables.
J’hurle toujours de douleur.. ça fait 1 heure 1/2que j’hurle a la mort… l’anesthésiste n’est toujours pas là! PUTAIN MAIS IL FOU QUOI CE CON!!!!!! les contractions sont toutes les 60 secondes et durent plus de 30 secondes à chaque fois… en une heure je suis passée de 3cm à 8cm!!!!! Vous imaginer ma douleur là???? Je vous jure.. un martyr, pas le temps de récupérer que ça reprenait de plus bel.
Mon mari a fini par arrivé juste après qu’on m’ai posé la péridurale!!! depuis quelques minutes, je m’etais mise à trembler comme pas possible, 40 de fièvre, les dents qui claquent.. J’ai vu le personnel autour de moi changer d’expressions… et j’ai entendu la gynécologue dire, elle fait une septicémie, (infection du sang) faut l’emmener au bloc, sans compter que les filles avaient leurs cœurs qui ralentissaient fortement.
Donc on m’annonce que j’ai droit à la fameuse et tant redoutée césarienne. Franchement, au point où j’en étais.. je n’en avais plus rien à cirer! Je voulais Juste qu’on sauve mes bébés.
Depuis le début de la grossesse je me préparais à la césarienne. Je n’avais pas envie… mais au moins se serait rapide pour les filles et moins traumatisant pour leur petits corps.
Sur la table d’opération, j’en petais pas large.. je tremblais toujours, ça me faisait balbutier.. au delà de ce léger désagrément.. j’étais dans mes pensées, je n’allais pas les voir. Je n’allais pas les serrer dans mes bras. Tout allait vite.
Mon mari était à mon chevet, il me tenait la main et me caressait la tête. Sa présence m’a beaucoup aider à avancer. Ça devait être aussi traumatisant de son point de vue, il devait probablement se sentir impuissant.
J’entendais les médecins discuter.. je les ai entendu dire que ma vessie avait pris cher.. très agréable quand t’as les entrailles ouvertes sur une table!!!! Après, c’est clair que j’ai eu les contractions dans le bas ventre et le dos.. je sentais ma vessie se faire massacrée à chaque contraction..
Autrement, si ça peut en rassurer plus d’une.. on ne sent rien.. si je ne les avait pas entendu parler. je n’aurais pas su qu’on m’avait ouvert le ventre.
La sage femme est venue me dire que Charlize était sortie, qu’elle allait bien, mais je ne l’avais pas entendue crier… ils sont partis avec elle pour lui prodiguer les premiers soins. Ensuite c’était le tour d’April. 2 minutes après sa sœur, à 18:18. Pareil.. je ne l’ai pas entendue pleurer, ni vue, ni rien.
Mon mari les a rejoint dans une salle, je suis passée les voir avant de descendre en salle de réveil. Elles étaient chacune sur une table chauffante, dans un sac plastique transparent, qui permet que leur température corporelle ne chute pas.
Elles avaient un petit bonnet blanc.. elles étaient si maigres. Charlize n’avait que la peau sur ses os, elle faisait 1kg280 et April était gonflée de partout, de l’œdème de partout, elle pesait 1kg380.
Je pleurais, de joie mais aussi de douleur.. faire face à ses enfants aussi petits, fragiles, tout rose, qu’on ose à peine toucher ou regarder. J’avais l’impression d’être dans une autre dimension, des câbles de partout, cette lumière blanche et bleue. Cette ambiance, l’odeur, le froid. On se serait cru dans un vaisseau spacial, comme dans les films. Sauf que c’était la réalité.
A ce moment là, j’ai peur! Je me dis mais comment elles vont s’en sortir? Comment?
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